Le choc fut rude en apercevant, ce 24 août 2020, l’affiche de la fête de la banane.

Les Ponts de l’Espoir a donc contacté Blandine Serrero, représentante de l’association La cantine, Le monde bouge, organisatrice de cette fête avec le concours de la mairie du 14e arrondissement de Paris et le soutien de Florentin Letissier, Maire-adjoint, chargé du développement durable et de l’économie sociale et solidaire.
Une affiche surprise

En effet, cette affiche paraissait, d’une part, reprendre le tracé du parcours de la Traite de l’esclavage et, d’autre part, avec cette banane étranglant et cette sorte d’éjaculation de la banane entre les départements dits de l’Outremer, être un affront pour les victimes de l’empoisonnement au chlordécone.
Les Ponts s’insurge

Le 25 août 2020 et lors d’une conversation téléphonique, les positions ont pu être clarifiées. Les Ponts de l’Espoir a fait part à Blandine Serrero de son souhait de voir enlever ou modifier l’affiche concernée ainsi que de son étonnement face à l’absence, dans le programme, d’intervenants qualifiés pour faire table ronde sur le chlordécone.

Arguant de ses origines africaines, Blandine Serrero n’a pas semblé comprendre l’évocation de la traite par l’affiche ni le malaise provoqué chez les Ultramarins par cette fête.

Cependant, proposition a été faîte aux Ponts de l’Espoir d’être le jour dit, des intervenants chlordécone. Offre qui a été déclinée.
Une fête du chlordécone

Certes, l’Afrique – Afrique qui est elle-même concernée par le chlordécone (Cameroun, Côte d’Ivoire) – est productrice de banane.

Mais cette fête a lieu en France. Et cette fête est sponsorisée par nos deniers publics. Or, c’est la France, la France qui, grâce à ces départements dits de l’Outremer, est l’un des principaux producteurs européens de bananes, pour ne pas dire le premier. C’est la France qui a autorisé, et ce durant 20 ans, de 1972 à 1993, l’utilisation du chlordécone (képone, curlone) dans les Antilles françaises. Un insecticide pourtant interdit, depuis 1976, aux États- Unis, leurs voisins d’Amérique.

Comment pourrions-nous participer à une fête greenwashing que nous dénonçons, dans son mode de communication comme dans son ignorance et son indifférence à l’égard de ceux qui souffrent ?

Comment pourrions-nous fêter, comme si de rien n’était, un produit contaminant une population de près de 1,5 millions de personnes ?

Comment pourrions-nous fêter et ignorer ceux qui, en ce moment même à la Martinique, à la Guadeloupe ou en Guyane, manifestent leur colère, leur impuissance, leur souffrance, leur désarroi, et qui sont frappés, violentés et emprisonnés pour leurs actions contre le chlordécone ?
Un silence qui tue

Comment pourrions-nous fêter le silence des réponses aux rapports et Commissions d’enquête parlementaires, aux questions de Justine Bénin, Serge Letchimy et Younous Omarjee ? Fêter l’absence de recherche en responsabilité dans l’empoisonnement au chlordécone pour les personnes publiques et privées pourtant parfaitement connues, et ce depuis 14 ans ?

Comment pourrions-nous parler de respect de l’humain et fêter, sans mauvaise conscience aucune, la pollution des nappes phréatiques (il est question d’une pollution dont les effets se feront ressentir sur au plusieurs générations) et la pollution du littoral sur une distance de plus d’un kilomètre des côtes ?

Comment pourrions-nous fêter l’interdiction de la pêche dans certaines zones pour cause de poissons impropres à la consommation et la misère des pêcheurs et des familles ?

Comment pourrions-nous fêter les nourrissons prématurés, l’interdiction d’allaiter, les difficultés pour des enfants à appréhender des objets, la multiplication des cancers de la prostate… ?

Comment pourrions-nous fêter la misère provoquée par l’empoisonnement lorsque seule la classe aisée (les Békés et les fonctionnaires avec leur prime de 40 % de vie chère et plus) peut s’offrir les produits importés et hors de prix (ex. une salade à 15 €) et échapper ainsi à certains effets du chlordécone ?

Comment pourrions-nous fêter ce qui a trait à un scandale de santé publique et à une grande pollution environnementale voire à un écocide ?

Nous ne le pouvons. Car, « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

Mais nous sommes sur la route de la conscientisation.

Les Ponts de l’Espoir (Hope & Bridges). Les Ponts de l’Espoir Contre le Racisme. Nous Demain. Zéro Chlodécone Objectif Zéro Poison.